Nous sommes en 2014 et, à l’heure où le digital et les réseaux sociaux sont dans toutes les bouches, certains osent encore prendre le métier de community manager à la légère. D’un côté les entreprises qui recrutent des stagiaires par manque de moyen ou de connaissance du métier et de l’autre d’ignorants trolls pensant pouvoir s’improviser community manager parce qu’ils font des blagues sur Twitter. Entre autres…
Après tout, comment l’internaute lambda peut-il considérer ce métier puisque lui aussi est sur Facebook toute la journée ? Stop, on s’arrête là ! D’une part, le CM est loin de passer ses journées sur le réseau de Mark Zuckerberg et surtout d’autre part, quand il y est, il n’en a pas la même utilité ni la même utilisation que le commun des mortels. Lorsque la fameuse Madame Michu commente un post Facebook sur sa page préférée, le CM, quant à lui, a engagé une sorte de stratégie conversationnelle inhérente à la stratégie de communication plus globale de la marque qu’il représente. Rien n’est laissé au hasard, chaque message répond à des objectifs bien précis et ce, quel que soit le réseau. Oui, même pour des photos de lolcat.
Face à ce genre de post, la pensée du fan se résume souvent à un «LOL, je like ». L’approche du community manager est légèrement différente puisqu’il raisonne quant à lui en termes de « capital sympathie », « taux d’engagement », « viralité », « reach » voire « recrutement ». Son objectif est de toucher et séduire un maximum de personne. Dans cette optique, le type de contenu (texte, sondage, photo ou vidéo), le timing des posts (jour, heure, fréquence) ainsi que l’orientation du call to action (like, commentaire ou partage) sont réfléchis de façon à “booster” l’Edgerank, l’algorithme Facebook déterminant le nombre de personnes atteintes par chaque post.
Avant de poursuivre, je précise que je suis volontairement rentré dans cet article par un exemple réducteur mais très évocateur car il se veut explicatif auprès du grand public qui ne voit que la partie émergée de l’iceberg. Sa face cachée représente pourtant, à mon sens, 50% du travail du community manager.
Le périmètre d’intervention du CM va bien sûr varier en fonction des besoins/ressources de son entreprise et tous ne sont malheureusement pas conviés à participer à la conception de la stratégie digitale. C’est assez regrettable car la personne en charge de sa mise en place devrait également avoir participé à sa conception, ce qui participerait, au passage, à tirer ce métier vers le haut… Bref, les stratégies pensées et mises en place par le community manager peuvent être multiples et variées en fonction des marques, de leurs objectifs, cibles et budgets :
- Quels objectifs ? Notoriété ? Fidélisation ? Conquête ? Visibilité ? SAV ? ROI ? Quels KPIs ?
- Quelles cibles ? B2B ou B2C ? Grand public ou marché de niche ? Quel profil pour la cible type ?
- Quels budgets ? Applis FB ou non ? Basiques ou poussées ? Publicités ou non ? Si oui, que promouvoir ? Au CPC ou CPM ? Quel montant ? Quelle période ?
Autant de questions que le CM doit se poser avant de mettre en place une stratégie digitale.
→ Le Community Manager est avant tout un marketeur.
De ces différentes problématiques découlent des axes de communication différents par le choix des réseaux et outils, des techniques d’animation et modération, de la ligne éditoriale et des plannings de diffusion. Mais surtout, des contenus ! Lorsque Bill Gates sortit son célèbre “Content is king”, il ne pouvait pas mieux résumer la situation, tout tourne autour du contenu, sans lui, le contenant n’est rien. Photos, vidéos, sondages, articles : les contenus peuvent prendre de nombreuses formes et tenir différents discours. Pour animer ses différentes communautés, le CM, tel un journaliste web, doit donc être en mesure de produire des contenus à valeur ajoutée (articles et interviews voire montages s’il maîtrise Photoshop).
→ Le Community Manager est également rédacteur.
Et maintenant, ce contenu, on en fait quoi ? S’il s’agit de photos ou de vidéos, elles sont directement publiables sur les différents réseaux sociaux. En revanche, dans le cas d’un article, ce dernier doit être hébergé sur une plateforme secondaire avant sa diffusion sur le web. Il faut donc passer par un back-office avec toutes les possibilités et complexités qu’il peut parfois présenter. Les rubriques, tout comme les plugins, peuvent être multiples et on n’administre pas de la même façon un site sous WordPress, Spip ou Drupal. De plus, il est souvent conseillé au CM de connaître les bases des langages HTML et CSS afin de pouvoir s’en dépatouiller.
→ Le Community Manager est aussi webmaster.
Enfin, la rédaction de contenus doit plaire à la fois à l’internaute ET à Google. Oui, écrire pour le web, c’est aussi penser référencement. Et là, bien que le contenu soit un des éléments les plus importants en SEO, énormément d’autres critères vont rentrer en jeu. Comment optimiser au maximum son article ? Quelles sont les balises les plus importantes ? Sur quelles expressions se positionner ? Comment obtenir des backlinks ? Tout cela ne se devine pas.
→ Le Community Manager doit avoir des compétences en référencement naturel.
Marketeur, rédacteur, webmaster et référenceur mais avant tout community manager : un vrai mouton à 5 pattes ! S’il est évident que le CM ne peut pas être un expert dans chacun de ces domaines, il doit cependant avoir de bonnes bases lui permettant d’être autonome et surtout réactif. Aussi, je tiens à souligner que je suis resté très théorique dans la présentation de ces diverses compétences puisqu’en pratique cela correspond à l’utilisation d’une trentaine d’outils ! Enfin, qu’il travaille en agence ou chez l’annonceur, le community manager doit connaître parfaitement la marque ou l’entreprise qu’il représente, tout comme son domaine d’activité. Cela lui permet d’assurer une veille efficace, de mieux connaître ses concurrents, les attentes de sa communauté ainsi que ses principaux ambassadeurs mais également de mener des actions de RP 2.0 auprès des médias et blogueurs potentiellement influents.
Private joke : en fonction de ses interlocuteurs, le CM doit aussi parfois endosser le costume :
- du professeur
- du consultant
- du statisticien
- du psychologue
- de l’assistant social
- et bien sûr, de l’informaticien…
Thibault, Community Manager sur Bordeaux
ARCACOM, agence web sur le Bassin d’Arcachon
Un des meilleurs billets sur le sujet que j’aie jamais lu. Très détaillé et très clair à la fois. Je commence à mieux entrevoir ce qu’est un gestionnaire de communauté. Bravo!
Merci beaucoup François, l’article a été écrit dans ce but, ravi qu’il vous plaise !
Parler de community management sans même parler de Blog…
Les aspects décrits ci-dessus sont plus les qualités requises d’un social media manager, le community management va plus loin: cette communication personnalisée et moins formelle (en surface, je suis d’accord avec l’auteur) permet d’être complémentaire avec des métiers de relations presse traditionnels.
Parler de Community management et n’y inclure “que” le social média, de manière très complète cependant, est relativement réducteur et dommageable.
Un community manager est proche de son sujet, plus réactif et plus libre que le processus de réponse standard de l’entreprise: cela lui permet d’approcher de parler aux passionnés et aux exigeants.
Bel article cependant, j’ai juste un arrière goût qui persiste à la fin qui me dérange: j’ai l’impression que les stagiaires sont les roumains d’il y a quelques années dans votre bouche.
Damien,
Merci pour votre retour. Lorsque j’évoque le webmastering, la rédaction web et le SEO, je suggère la partie blogging. Parler uniquement de “blog” serait trop réducteur puisqu’un CM est loin de gérer uniquement ce type de site.
Ensuite, c’est vrai que le profil décrit dans mon article ressemble à celui du SMM, cependant il me semble que le CM devrait monter en compétence pour se rapprocher d’un profil comme celui-ci, beaucoup plus complet. Un community manager ne devrait pas se limiter à des tâches de gestion de communauté (au sens large).
Enfin, en ce qui concerne les stagiaires, je ne dis pas qu’ils sont incompétents puisque certains sont même plus doués que des personnes en poste depuis de nombreuses années. Cependant, selon moi un stagiaire devrait rester dans son rôle d’assistant pour épauler un CM en poste. On ne peut pas confier toute une stratégie de communication digitale à une personne qui est dans l’entreprise 6 mois maximum, qui plus est, pour apprendre.
Tres bon article que je vais garder sous la main 😉 je suis moi même stagiaire en tant que CM dans une start-up, je réalise donc leur stratégie de com’ digitale de A à Z, et je ne suis pas mécontent de mes performances jusqu’ici! 🙂 Certe cela me demande beaucoup de travail, et je fais des petites erreurs, mais les communautés de CM qui existent sont très solidaires et n’hésitent pas à conseiller les Noobs dans mon genre! Bref, tout ça pour dire que les stagiaires ont leur place en tant que CM, il suffit juste de s’investir..
Hello! J’ai adoré ce texte!! Cette année je vais commencer l’unif, et j’aimerais faire des études pour devenir CM. Donc je me demandais si des études en Communication/marketing permettent d’aboutir au métier de CM?. Merci!!!
Salut Jess ! Merci pour ton commentaire 🙂
Tu peux tout à fait devenir CM après des études de Com / Mkting 😉
J’ai moi même fait une école de com avant de me spécialiser dans la communication web. Alors vas-y fonce, surtout que tu pars avec un certain avantage puisqu’apparemment tu es trilingue 😉
Court, simple, efficace.
Community manager approved 😉
Partagé 😉
Il faut espérer que les annonceurs et les agences se rendent compte de la polyvalence des community manager et les rémunèrent en fonction de cela…
Pas mal comme billet. Le coup du stagiaire est malheuresement bien vrai.
Mais je m’interroge vraiment quand à la réalité du travail de “community manager”. Tu le dis toi-même, ils fait plein de choses. Différentes…
Est-ce juste une nouvelle facette du métier de communicant? Je le crois.
Mais de là à créer un terme et un “poste”… Nos amis anglo-saxons sont très friands des nouveaux termes, attention avec cela.
Bonjour Thibault,
Je vous félicite pour la qualité de votre article, pour sa pertinence, pour la richesse de son contenu, pour votre style rédactionnel et la précision de vos propos.
Rien n’est laissé au hasard !
Je vais le faire suivre à mon réseau. Il illustre parfaitement cette fonction si peu connue et, pourtant, si importante.
Sincèrement, vous méritez d’être encouragé pour votre contribution.
Bien cordialement, Benoit.
Bonjour Benoit,
Vous allez me faire rougir 🙂
Merci pour vos nombreux compliments !
Bien à vous,
Thibault
Je partage totalement cette vision.
Bonjour Thibault,
Le billet est très instructif car très complet. Concernant les compétences du Community Manager, je rajouterais également qu’il doit être en capacité de mettre en place une véritable organisation de veille.
Bonjour Lionel,
Merci ! C’est effectivement très important compte tenu de la vitesse à laquelle naissent nouveaux réseaux et nouvelles fonctionnalités. 😉
Bonjour Thibault,
Merci pour ce très bon article qui soulignent bien les différents aspects du métier.
Malheureusement, l’article aurait du s’appeler : “combien de stages pour le CM ?”
Je ne pense pas que cela soit juste par manque de moyens ou de connaissances que certaines entreprises choisissent de prendre des stagiaires. Certaines grosses agences dont on ne citera pas les noms choisissent cette option par facilité : les stagiaires représentent une main d’oeuvre pas chère, parfois efficace et la plupart sont motivés par une promesse d’embauche qui n’arrive que rarement.
En tout cas, bravo pour cet article complet !
[…] feu. Un community manager, c’est plusieurs métiers en un (je vous conseille d’ailleurs l’excellent article de Twibault à ce sujet). Et là vous me direz "ok, mais ce n’est pas spécifique aux clubs de foot". […]
[…] See on https://www.twibault.com […]